Clémentine Bosch, illustratrice de mode et styliste : “j’ai dessiné la robe de Rihanna pour le festival de Cannes
Dans ce 2e épisode des Boss Sessions d'expect, Clémentine Bosch raconte son parcours fait de doutes, de travail et de passion. De la robe de Rihanna aux looks rock de Pete Doherty, en passant par Alaïa et Saint Laurent, elle nous parle de la vraie vie d’une créative dans la mode.
Clémentine Bosch, un parcours à main levée
J’ai rencontré Clémentine pour la première fois à la table d’un ami, elle s’apprêtait à intégrer la maison Saint Laurent comme “fashion illustrator”, (illustratrice de mode). Deux ans plus tard, je la croise par hasard en bas de chez moi, m’annonçant qu’elle vient de dessiner la robe de Rihanna pour le Festival de Cannes et qu’elle a habillé Pete Doherty dans ses derniers clips. Ma tête s’est alors envahie de questions et je lui lance l’idée du podcast pour qu’elle m’explique tout en direct le plus naturellement du monde. Le mardi suivant elle avait rendez-vous chez moi peu avant 19h, pour tout me raconter au micro d’expect. Je me suis empressée de prendre une photo avant que le soleil tombe pour que vous puissiez voir à quoi ressemble cette boss lady qui a à peine 26 ans a tout accompli.
Dans cet échange pour les BossSessions d’Expect, Clémentine revient sur son parcours, de ses premiers croquis d’enfant à ses projets les plus fous. À travers son témoignage, on comprend que croire en ses rêves, et même en changer en cours de route, peut ouvrir des portes inattendues.
L’épisode 2 est désormais disponible sur toutes les plateformes.
Des croquis d'enfant aux silhouettes de luxe
Clémentine Bosch n’est pas une enfant de la mode propulsée par ses parents. Elle est née dans le 14e arrondissement de Paris et dessinait déjà à l’école pour le magazine qu’elle a créé avec ses copines.
“On avait dû choisir un nom un peu bancal comme “Miss Mode” - j’ai tout gardé”.
Dans cette conversation, elle m’explique que la passion ne suffit pas à bâtir une carrière stable. Une école de mode et un master à l’Atelier Chardon Savard plus tard, Clémentine est plongée dans le grand bain de la recherche d’emploi. Riche d’une expérience en bureau de presse chez On Aura Tout Vu, et d’une appétence pour l’upcycling, son profil pourtant recherché a du mal à passer le cap du premier emploi. Elle frappe à toutes les portes, écume les plateformes d’emploi et tombe finalement sur Do it ; ce site magique qui propose l’annonce "fashion illustrator pour une maison de luxe." sans donner plus de détails. Elle passe l’entretien sans compétences particulières, arrive à sa grande surprise chez Saint Laurent qui la forme sur place et ouvre un poste spécialement pour elle.
"Quand je suis rentrée chez Saint Laurent j’ai ressenti une immense fierté, j’ai ressenti tout le poids de l’héritage me tomber dessus" confie-t-elle.
Clémentine est recrutée pour illustrer chaque silhouette des collections, soit près de 600 croquis par saison. Elle apprend sur le tas. Elle s’offre un iPad sur Le Bon Coin pour passer l’entretien, se forme au dessin numérique, affine son coup de crayon. Elle entre comme intérimaire (via l’agence KS) comme tous les jeunes nouveaux qui arrivent en général pour 6 mois.
Mais au bout d’un an, la routine s’installe. Clémentine décide de partir. Sans plan B. Elle prend le risque, s’offre une pause bien méritée, et commence à penser au stylisme.
Le tournant Pete Doherty
L'opportunité arrive par ses cousins, au Jardin du Luxembourg. Au détour d’une promenade ils rencontrent le célèbre chanteur des Libertines et sympathisent, se rendent au concert et découvrent l’ampleur d’une potentielle collaboration. Ils proposent à Pete Doherty, chanteur des Libertines, de réaliser ses prochains clips et pensent à Clémentine pour le stylisme de costumes historiques.
"Je suis dingue d'histoire de la mode, le plan tombait à pic !", s'exclame-t-elle.
Une histoire folle qui donne une jolie ligne à son CV - non parce qu'elle était pistonnée, mais parce qu'elle avait fait ses preuves.
De retour au dessin, destination Alaïa
Alors qu’elle envisage sérieusement le stylisme, la DA de défilé et plusieurs projets annexes, elle est rappelée par une styliste auprès de qui elle avait fait ses armes chez Saint Laurent. On lui demande si elle dessine toujours, la réponse est NON. Pourtant elle saute sur l’occasion pour ne pas perdre une opportunité et prépare dans la soirée un portfolio à envoyer. Elle est prise ! Pour la première fois de sa vie Clémentine ne passe pas d’entretien. Il s’agit d’un contrat freelance pour la maison Alaïa pour la section VIP. C’est elle qui dessinera les robes à envoyer aux stylistes de célébrités. Elle connaît la technique pour faire autant de modifications possibles et rapides sur tablette, elle est fidèle aux briefs qu’on lui donne : posture, mise en couleurs, détails d’archives… Rihanna a porté la robe qu’elle a dessiné au festival de Cannes !
Rihanna, Leïla Bekhti, Kim Kardashian, Bolywood, elle continue chez Alaïa de prêter son crayon au service des stars.
Ses conseils pour être illustratrice de mode
Toucher les grandes maisons c’est l’essentiel car les postes sont encore rares.
"Les maisons de couture traditionnelles françaises ou italiennes sont plus à même de faire appel à des illustrateurs” selon Clémentine.
Le métier est possible en s’ouvre également au dessin de mode pendant les défilés. Il est de plus en plus fréquent que les maisons fassent appel à des illustrateurs pour dessiner des silhouettes en direct pendant le show, c’est aussi une possibilité à envisager.
Aujourd’hui, Clémentine alterne entre direction artistique, dessin de pièces sur-mesure, et stylisme de célébrités. Elle a habillé Pete Doherty dans ses clips, dessiné une robe pour Rihanna, et surtout, construit une trajectoire à contre-courant, sans piston, à la force du trait.
Son histoire rappelle que dans la mode, comme ailleurs, on peut apprendre en marchant, créer son propre chemin, et que parfois, ne pas savoir faire "comme il faut" peut être la meilleure des chances.
🎙️ Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans l'épisode 2 des BossSessions d'Expect, désormais disponible sur toutes les plateformes de podcast. Clémentine y révèle ses secrets de réussite, ses doutes, et sa passion viscérale pour l'image.